Passer de 1 à 2, ou comment recruter, quand recruter, le recrutement ! 

Lorsque que j’ai annoncé le lancement de Boss with me ou lors de séances de questions -réponses sur Instagram, cette question est souvent revenue, étonnamment : comment recruter ? Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai ressenti plus de difficulté à écrire sur le sujet que d’ordinaire. Allons-y ! 

Au début quand j’ai réfléchi à cette newsletter, je pensais que je n’avais pas de vraies réponses à apporter, je m’imaginais vous dire que c’est comme tout le reste, j’ai fait beaucoup ça à l’instinct. Vous allez finir par croire que je me cache derrière le joker de l’intuition tous les 15 jours mais ce n’est pas complètement faux… Alors en préparant mon brouillon (oui j’ai un cahier de brouillon pour newsletter) je réfléchissais au meilleur conseil que l’on ait pu me donner, pour recruter des collaborateurs, et j’ai pensé tout de suite à un des mes associés Sébastien. Pour celles et ceux qui ont écouté le podcast Entreprendre dans la mode, j’en ai parlé, et Seb c’est un peu mon mentor, il m’a appris tellement de choses ces dernières années, il m’a aidé à me poser des bonnes questions et écrire les fondements de ma marque / société. 

Je fais une de ces petites digressions dont j’ai le secret mais suivez-moi jusqu’au bout, on va revenir au recrutement, promis. Lorsque la marque a eu 2 ans, et qu’il fallait se structurer un peu plus et faire des choix stratégiques pour l’avenir de la boîte, (comme par exemple prendre un logisticien pour arrêter d’aller à la poste 3000 fois par jour) Seb m’a demandé de définir les valeurs de ma société. Alors les valeurs d’une entreprise ça peut être beaucoup de choses, cela peut être intimement lié aux croyances du / de la fondateur.rice, à la perception qu’ont les autres de son entreprise, ou bien encore un idéal vers lequel tout la société doit tendre. Et ces valeurs peuvent évoluer durant la vie de son entreprise. 

Pas besoin que vos valeurs soient longues comme le bras. Trois c’est bien. Ok nous on en a cinq, parce que c’était pas possible de choisir. 

Nos valeurs chez Make My Lemonade sont :

  •  Être honnête
  •  Se ré-inventer
  •  Être fièr.e.s
  •  Faire beaucoup avec peu
  •  La bienveillance

Ces valeurs doivent être exposées et visibles aux yeux de tous. Elles peuvent être sur un post-it, sur un poster, gravées dans le mur, comme vous voulez mais elle doivent être visibles. C’est un peu le phare dans la nuit, et c’est un peu la petite voix intérieure de vos collaborateurs.trices si jamais leur intuition n’est pas assez perceptibles pour eux.  Alors j’imagine que cela peut paraître flou, je vais vous donner des exemples concrets. Lors d’un exercice que nous avons fait tous ensemble, nous avons listé ce que voulaient dire ces valeurs pour chaque membre de l’équipe. Je vais vous montrer pour l’Honnêté :

  • Ne pas avoir peur de dire les choses 
  • Dire ce que l’on pense aux gens sincèrement et dans la bienveillance 
  • Parler argent et de santé économique 
  • Dire quand les choses ne fonctionnent pas 
  • Communiquer son vrai ressenti…
  • Ne pas reporter la faute sur autrui et se trouver des excuses 
  • Ne pas avoir peur du conflit si on se sent légitime, aller à la confrontation
  • Oser dire quand on trouve que quelqu’un traite mal une autre personne 
  • Ne pas cacher les choses et mentir 
  • Savoir accepter une remarque pour le bien de la société et ne pas le prendre personnellement 
  • Verbaliser lorsque que l’on a un problème à résoudre. 
  • Prendre ses responsabilités 
  • Ne pas occulter des informations essentielles à l’autre 
  • Faire le premier pas lorsque c’est nécessaire 
  • Tenir ses engagements 

C’est trop cool, non ?

Une fois que vous avez défini les valeurs que vous avez envie de porter, cela sera plus simple. Lors d’un entretien, vous pourrez sonder votre interlocuteur.rice en ayant bien en tête, ce que vous cherchez chez la nouvelle recrue. Ce Sébastien m’a dit un jour « tu embauches et tu te sépares, sur ces valeurs », mais lorsque vous avez un différend avec un.e de vos collaborateurs.trices, c’est plus simple de lui dire quand quelque chose ne va pas en s’appuyant sur les valeurs de l’entreprise. « Quand tu as fait ça, ce n’était pas dans les valeurs de notre boîte, viens on en parle ». 

Et cela sert aussi de guide aux équipes, si elles ont des doutes sur une décision à prendre dans l’urgence sans supérieur sous la main, elles sauront quoi faire. Autre cas de figure, si une personne de l’équipe se sent en dehors des valeurs de l’entreprise, sa vie change, sa vision du monde du travail évolue, elle peut aussi se référer à ces fondements pour savoir si elle est toujours alignée avec l’entreprise ou si ces valeurs ne résonnent plus et qu’il est temps de partir vers de nouvelles aventures. 

Je sens que vous allez prendre vos stylos et lister les valeurs de votre entreprise, vraiment c’est un exercice que j’ai adoré faire, mais je peux très bien imaginer que l’on se pose derrière une feuille et que l’on ne sache pas par où commencer… Faites-vous aider, appelez les gens bienveillants autour de vous et faites-les brainstormer, vous verrez c’est plus simple. Parfois nous avons trop la tête dans le guidon pour se rendre compte de ce que l’on véhicule. En voyant les débats s’animer et les mots fuser, vous entendrez forcément des idées qui vous parlent et vous n’aurez qu’à entrer dans la danse du brainstorming ou à les attraper au vol !  Et quand votre liste est prête on passe aux choses sérieuses !

           

 

 

Alors pourquoi et quand doit-on recruter ? Je dirais que c’est quand vous n’en pouvez plus. Non mais plus sérieusement cela dépend de la taille de la boîte, et personnellement si je n’avais qu’un seul conseil à vous donner, ce serait dès le début de vous entourer d’un bon expert comptable. Un partenaire qui comprend vraiment ce que vous faites, cela peut être comme la recherche d’un bon psy, cela prend du temps ! Même si ce n’est pas la chose qui vous excite le plus la compta, trouver un vrai partenaire peut paraître long, prenez ce temps nécessaire mais croyez moi ça vous en fera gagner plus tard, et ça vous fera gagner aussi de l’énergie et même de l’argent. Au début quand on est seul maître à bord, le comptable c’est un peu son allié, il faut juste pas en avoir peur, c’est seulement des chiffres. 

Alors quand recruter ? Donc premièrement quand la santé économique de son entreprise peut le permettre, souvent d’ailleurs cela va de concert avec son état de santé perso. Donc on demande son avis à son comptable. Et deuxièmement, je dirais quand vous pensez que cela est handicapant d’être seul.e, et quand vous avez l’intime conviction que si vous auriez été deux, vous auriez pu aller plus vite, gagner un autre contrat etc… Pour être entourée d’entrepreneur.e.s, j’ai bien l’impression que lorsque l’on débute on est tous un peu flippé.e.s de l’argent. On pense que l’on peut tout gérer et que puisque c’est son entreprise on sait mieux que personne ce dont elle a besoin. On se demande souvent qui pourrait avoir envie de faire ce que nous-même nous n’avons pas envie de faire.

 

           

 

Lorsque j’ai débuté, je me suis rendu compte que j’avais besoin d’une paire de mains supplémentaires pour répondre à toutes les demandes entrantes, et continuer à avoir au moins 7 heures de sommeil corrects par nuit (j’exagère mais à peine). Recruter c’est évidemment prendre un risque. Alors on cogite, en se disant et si finalement les contrats s’arrêtent, si on ne s’entend pas si bien que ça, si le travail ne lui convenait pas après quelques jours etc… Avec que des si, il ne passe jamais grand chose. Vous pouvez évaluer le danger, mais il faut pas que les risques vous paralysent. Et puis avant de recruter votre premier CDI, vous pouvez commencer avec un stagiaire rémunéré, une alternance en fin d’études pour former une personne à un futur poste, un freelance quelques jours par semaine pour tester ses compétences. Et surtout, vous tester vous-même en tant que manager et évaluer votre capacité à déléguer (et ça, ce sera l’objet d’une autre newsletter). Mais je sais que cela fait peur, écoutez-vous (et votre comptable) on sait toujours au fond si c’est le bon timing.

Je vais vous faire gagner du temps en vous racontant une anecdote qui m’est arrivé il y a quelques mois. En janvier dernier, je me sentais tellement pressurisée, que j’étais incapable d’avancer; tout d’un coup, une petite graine s’est plantée dans mon cerveau. On venait de réaliser un chiffre d’affaire moins important que d’habitude et j’ai eu peur que mon business s’arrête et que tout mes employé.es se retrouvent sans travail, et je ne dormais plus. J’avais la sensation de porter tout le poids des loyers, des courses, de la vie de tous mes collaborateurs sur mes épaules. Horrible. J’ai fini par en parler parce que je n’arrivais plus à cacher que quelque chose n’allait pas et on m’a fait relativiser. Je voyais les choses sous le prisme du syndrome de superman (superwoman en l’occurence), et on m’a rappelé que j’avais signé un contrat de travail avec ces personnes. Travailler ensemble, c’est un risque que nous avions pris ensemble, entre adultes. Je n’avais pas menti sur la taille et les moyens de mon entreprise, et dès qu’il y a pu avoir des difficultés pour X ou Y raisons, cela était dit. Et si demain la boîte devait fermer, j’ai souscrit des assurances afin qu’il y ait des moyens pour que « la fin » se passe dans les meilleures conditions pour tout le monde. Alors oui ce cas de figure ce n’est pas mon monde idéal, je vous l’accorde, mais le contrat de travail, c’est ça aussi, un pacte entre deux protagonistes qui s’engagent sur le marché du travail. Une fois l’information digérée, tout s’est beaucoup mieux passé pour moi, ma santé mentale et mon sommeil.

Et alors, enfin, comment on recrute ?

Alors là, je ne peux pas vraiment vous aider, je suis assez nulle en entretien, après avoir écouté le ou la candidate sur son parcours, je lui demande la terrible questions des qualités et des défauts : « d’après vous, quelles sont vos trois principales qualités et défauts ?» j’ai envie de me mettre des petites claques quand cette phrase sort de ma bouche. Et on me répond « pour les défauts, je dirais que je suis perfectionniste » j’ai envie de pleurer des larmes de sang, mais si on me répond « bordélique » je me dis tiens tiens intéressant, cette personne est honnête. Bim ! Honnête ça rime avec une des valeurs de ma société… CQFD… Bon je ne recrute pas que des gens bordéliques mais vous voyez l’idée. 

Je ne prépare pas beaucoup les entretiens je l’avoue mais je mise tout sur mon super pouvoir : l’intuition. Généralement, je sais au bout des 20 premières secondes, que dis-je, des 10 premières secondes, si ça va le faire. J’aime qu’on me regarde droit dans les yeux, que l’on me serre la main franchement, qu’on ait fait un effort vestimentaire, ça peut paraître bête mais j’accorde beaucoup d’importance à ces détails là.

La poignée de main molle, c’est carton rouge, le vernis écaillé, carton rouge, les lunettes de soleil dans les cheveux, carton jaune. 

La façon de se présenter c’est une première lecture, si la personne est habillée en full Make My Lemonade, ça me met mal à l’aise, alors que je sais les bonnes intentions derrière mais je préfère que l’on me surprenne avec un look cool et coloré d’une autre marque et cela me donne de la curiosité pour en savoir plus sur la personne. Je me livre un peu mais j’ai du mal avec les personnes qui n’osent pas me regarder dans les yeux, ou qui sont fuyants, c’est important de surmonter sa timidité pendant des entretiens, je ne dis pas que la timidité est un défaut mais jouez-en brisant la glace en disant que vous êtes un peu timide, c'est touchant et en plus vous êtes honnête ! Je n’ai pas envie de recruter des gens qui sont mal dans leurs baskets, il me faut des conquérants, de la motivation en barre, pour amener mon entreprise encore plus loin !

Mais à l’inverse les gens trop sûrs d’eux ça me fascine et ça me fait flipper aussi. « je n’ai pas de défaut / je ne supporte pas l’incompétence / ah si je suis perfectionniste » Carton rouge aussi… C’est pas facile. 

Lors d’un de mes entretiens pour un de mes derniers jobs en tant que salariée, j’ai été tellement nulle et je m’en suis rendue compte pendant l’entretien. Je pense que je n’ai jamais regardé plus haut que le bout de mes chaussures. Une heure après l’entretien j’ai écrit un mail drôle à la personne qui m’avait reçu en disant à quel point j’avais été une version beta de ce que je pouvais être, je m’excusais pour ma prestation et je lui demandais une seconde chance. Je pense que j’avais un book intéressant et elle a accepté de me revoir. Je vous raconte ça parce que c’est possible de se tromper et que si vous êtes déçu.e par un profil qui vous paraissait prometteur, il est possible de revoir ces personnes. Vous êtes la/le boss, vous écrivez vos règles du jeu.

 

En écrivant je me rends compte que j’ai oublié de vous raconter une étape que j’ai mise en place et qui me fait gagner un temps fou. Je m’occupe des recrutements stratégiques et de l’équipe créative, je laisse par exemple ma responsable du retail, mener ses entretiens seule, car c’est elle qui doit recruter ses équipes et je nous sais complètement alignées sur la dynamique des profils que nous recherchons. Mais lorsque l’on recherche un poste créatif, on fonctionne en donnant des petites missions, je vous explique ! Lorsque l’on poste une annonce pour un poste de graphiste ou pour être assistant.e DA, on reçoit des centaines de mails, on fait un premier tri dans les CV et les lettres de motivation, on garde environ la moitié des candidatures et ensuite, on ne donne pas 50 rendez-vous non mais je donne des missions créatives. Je demande de réaliser le moodboard de la collection en cours avec au moins 20 images, j’envoie aussi un dessin que j’ai réalisé et je demande de réaliser un motif à partir de mon croquis, avec une date butoir. Sur les 50, je vois généralement qui est vraiment motivé, je reçois environ 30 dossiers créatifs, dont 5 hors date (carton rouge) et ensuite comme je sais ce dont j’ai réellement besoin pour la direction que je veux donner à l’image de Make My Lemonade, je reçois environ 10 personnes. 

C’est terriblement difficile pour moi ces phases de recrutement parce que ça nécessite que je ne sois pas à 200% sur le reste de mes tâches. Souvent j’ai la sensation d’être une chercheuse d’or et que ça prend beaucoup de temps de trouver la pépite. Mais c’est un investissement pour la suite ! Respirez tout va bien se passer. C’était une bien longue newsletter pour un sujet que j’appréhendais mais en vous écrivant cela m’a même donné des idées pour la suite ! Je vous embrasse et je vous dis à dans 15 jours ! 

Lisa

17 décembre, 2019

Commentaires

MRS ALISON MARSHALL:

Totally brilliant blog. When you start a new business, you learn to do everything and as time goes by, you get better and better at it.
Never doubt yourself and remember that you took this step because you love what you do. As soon as it becomes just a job, then you will have to start worrying but for now your style is your style and that is part of your success. It does not matter how other people run their businesses or lives, it is not a competition. Keep on doing what you are already doing. I have been stuck at home for 9 weeks now so your self reflection makes me smile. You are perfect the way you are and the more you try to force yourself to do things differently before you are ready, the more you will fail – and then you will think you are a failure – and you are not! Take care and keep writing to us. Alison xx🤗👍😘❤

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