La Bruxelloise Kénia Raphaël est scénographe et architecte d’intérieur, mais aussi l’un des visages de Make My Lemonade !

Kénia a démarré son parcours au théâtre avant de développer des projets de scénographie pour la musique, le théâtre et la mode, en collaboration avec de jeunes créatifs bruxellois et parisiens.
Découvrez son interview par ici.
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C’est au théâtre que tu commences ton parcours de scénographe. Que t’ont appris ces premières expériences ?

En effet, j’ai étudié l’architecture d’intérieur et je me suis vite rendue compte que ce que je proposais dans ces projets s'apparente plus à de la scénographie qu’à de l’architecture en soi. Mes premières expériences en théâtre m’ont permis de rentrer dans la tête d’un.e metteur.euse en scène, dans le corps de comédien.nes et de traduire leurs envies sur cet espace magique qu’est la scène, d’explorer toutes les possibilités pour me rendre compte qu’au théâtre tout est possible et toute idée est exploitable. Finalement, ce qui m’a réveillée, c’est que je puisais mon inspiration dans l’humain, que ce soit dans les comédien.nes ou le régisseur son, c’est une grande collaboration d’esprits qui sera toujours essentielle dans mon processus de création.Ces sujets m’intéressent depuis que je suis étudiante ! Mon premier mémoire d’études, écrit il y a dix ans, portait sur la représentation des femmes dans les série et leur impact sur les téléspectateurs·trices et le second sur l’évolution des personnages noirs à la télévision et au cinéma. Pendant ma vingtaine, j’ai consommé la culture dans tous les sens du terme : musique, cinéma, séries… Pour moi c’est l’âge auquel chacun·e construit ses goûts, qu’ils deviennent plus clairs et précis, un moment de nos vies où l’on comprend l’impact qu’ils ont sur nous. Mon métier et cette consommation culturelle m’ont menée naturellement vers cet essai.

J’ai voulu en faire un essai personnel et journalistique qui part d’une expérience vraiment ancrée tout en l’appuyant sur des faits concrets. Je me suis beaucoup inspirée des essais anglo-saxons. En France, même si cela se fait de plus en plus, je continue à voir des autrices qui ont du mal à parler d’elles. Pour moi il faut réussir à se raconter soi sans en faire une histoire autobiographique. Le but ce n’était pas de raconter toute ma vie personnelle mais de voir comment la pop culture est à la fois une expérience personnelle et globale.

Aujourd’hui, tu travailles en tant que directrice artistique, décoratrice et designer pour de nombreux clients.
Comment décrirais-tu ta marque de fabrique ?

En tant que set designer ou DA, on doit constamment s’adapter aux envies du clients, le vrai challenge, c'est de réussir à faire ressentir notre univers, peu importe le projet. Je suis encore sur la route de l’expérimentation, pour être honnête, mais j’essaie constamment de me rapprocher d’un univers un peu fantastique, dramatique, qui peut être vu de prime abord comme agréable, mais qui a pour but de créer un doute, un malaise, un rêve noir, un cauchemar coloré.

Tu vis entre Bruxelles et Paris, n’est-ce pas ? Ces deux villes t’inspirent-elles de manière différente ?

Oui ! J’ai mon appart à Bruxelles, qui est la ville dans laquelle je suis née et dans laquelle j’ai toujours vécu. C’est là que sont ma maison, ma famille, mes amis, mon atelier et donc ma principale source d’inspiration. Les rues, les odeurs et les couleurs de Bruxelles me permettent de créer un terrain vide dans ma tête où tout est à construire et je me sens assez en sécurité pour pouvoir créer ce qui me traverse l’esprit. Paris m’appelle presque chaque semaine pour des projets pros, que ce soit dans le set design ou dans le mannequinat. Paris, c’est un peu ma bête noire, mais colorée en même temps, je l’adore, mais je la déteste, elle m’inspire dans le sens où je dois me surpasser à chaque fois, et quand je pars de là en ayant clôturé un projet, j’en suis fière. C’est une énergie tellement particulière, parfois très douce, comme issue d’un conte de fée et parfois hyper violente.

Tu es également set designer pour des créateurs de mode et mannequin. Comment décrirais-tu ton rapport à la mode ? Les vêtements sont-ils pour toi un moyen d’expression ?

Les vêtements ont toujours été un moyen d’expression pour moi, depuis petite je porte des motifs et des coupes assez particulières, qui me parlent à moi, mais pas à grand monde (rires). Ce qui est particulier, c’est que depuis que je suis set designer, je mets 2 jeans, 4 t-shirts max et toujours le même manteau parce que je dois privilégier le confort au style. Je pense que cette démarche me plaît bien, puisque je ne dépense plus rien et les rares moments où je peux vraiment sortir de jolies pièces je me sens vraiment bien, je remets de la valeur sur des vêtements que j’avais oubliés, et c’est vraiment chouette. Niveau mannequinat, c’est tout récent pour moi, les filles qui font du 38 ou plus sont acceptées dans ce monde-là depuis peu, et je suis fière de pouvoir en faire partie.

Sur quelle pièce de la nouvelle collection de Make My Lemonade as-tu particulièrement flashé aujourd’hui ?

J’ai adoré le blouson Willy rouge, je pense que c’est la pièce que je pourrais mettre tout le temps aussi bien à l’atelier que pour aller boire un verre !

Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

Je prépare ma première collection de meubles, restez connectés !

Que peut-on te souhaiter pour 2022 ?

De savoir placer mon énergie au bon endroit, de prendre soin de mon corps et finalement, de faire mieux que l’année passée !

Merci à Kenia Raphaël d'avoir répondu à nos questions !

Pour suivre le travail de Kénia
rendez-vous sur son compte Instagram @kenia.raphael !

09 février, 2022